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Quoi ? ­ Eikha ­ Lamentations


Liminaire pour Quoi ?

     Cinq poèmes d’une exceptionnelle densité pleurent la ruine de Jérusalem, détaillent les malheurs qui l’ont assaillie, chantent l’espoir du retour, du pardon, de la reconstruction de la ville ravagée. Le châtiment est venu: la ville a subi le contrecoup de ses infidélités, mais ses douleurs ont valeur expiatoire et rédemptrice. Qu’elle se repente, et IHVH-Adonaï écartera d’elle sa fureur.

     Au coeur du poème se situe le problème du sens de tant de souffrances, l’interrogation angoissée de l’homme de foi en face de l’imprévisible, de l’incompréhensible acharnement d’Elohîms déchaîné contre son peuple, contre son héritage, contre sa maison. Les lettres de l’alphabet déferlent par vagues incantatoires en rangs de trois, comme pour rendre invincible la prière de Jérusalem vaincue mais non désespérée.

     Un livre que tout Hébreu relit en jeûnant chaque année, au jour anniversaire, celui du 9 Ab, des deux destructions de Jérusalem.

     Le titre est pris du premier mot des chapitres 1, 2 et 4: Eikha, Quoi ? C’est le cri du fidèle étonné, écrasé par le désastre qui a frappé la Ville Sainte.

     Les Septante l’ont interprété à leur manière en intitulant l’ouvrage Thrénoï, Thrènes, chants funèbres; mot que la Vulgate a rendu par Lamentationes, d’où le français Lamentations.

     L’oeuvre est anonyme. La tradition l’a cependant attribuée à Jérémie, en se fondant sur le fait que l’inspiré vivait à l’époque de la ruine de Jérusalem et que son livre contient plusieurs des thèmes, des expressions et des perspectives théologiques qui réapparaissent ici.


Chapitre 1.

Quoi ?
.  Quoi, elle siège, solitaire ?
La ville au peuple multiple est comme une veuve;
l’immense parmi les nations, la princesse des cités est à la corvée !
2.     .  Elle pleure, elle pleure dans la nuit;
ses larmes sur la joue, elle est sans consolateur parmi tous ses amants.
Tous ses compagnons l’ont trahie, devenus pour elle des ennemis.
3.     .  Iehouda est exilée dans l’humiliation, par trop de servitude.
Elle siège parmi les nations, sans trouver de reposoir.
Tous ses persécuteurs l’atteignent parmi les détresses.
4.     .  Les routes de Siôn sont endeuillées, sans arrivants au rendez-vous.
Toutes ses portes sont désolées, ses desservants gémissent,
ses vierges s’affligent; c’est amer pour elle !
5.     .  Ses oppresseurs sont en tête, ses ennemis en paix.
Oui, IHVH-Adonaï l’afflige pour la multitude de ses carences.
Ses nourrissons vont en captivité, face à l’oppresseur.
6.     .  Tout son éclat sort de la fille Siôn;
ses chefs sont comme des cerfs qui n’ont pas trouvé de pâturage;
ils vont sans force, face au persécuteur.
7.     .  Ieroushalaîm se souvient des jours de son humiliation et de sa révolte,
de tous ses raffinements qui étaient dès les jours d’antan,
à la chute de son peuple en main de l’oppresseur, sans aide pour elle.
Les oppresseurs la voient et se rient de ses chômages.
8.     .  Ieroushalaîm a fauté, elle a fauté, elle est pour cela en menstrue.
Tous ses glorificateurs l’avilissent: oui, ils ont vu son sexe.
Elle gémit fort et retourne en arrière.
9.     .  Sa souillure en ses franges, elle n’évoquait pas son avenir.
Elle a déchu prodigieusement, sans réconfort pour elle:
« Vois mon humiliation, IHVH-Adonaï, oui, l’ennemi a fait grand. »
10.     .  L’oppresseur déploie sa main contre toutes ses somptuosités.
Oui, elle voit les nations, elles sont venues dans son sanctuaire,
elles à qui tu avais ordonné de ne pas venir dans ton assemblée.
11.     .  Tout ton peuple gémit; ils cherchent du pain,
donnent leurs somptuosités contre de la nourriture, pour ranimer l’être:
« Vois, IHVH-Adonaï, regarde ! Oui, j’étais une goinfre. »
12.     .  Non pas à vous, tous les passants de la route !
Regardez et voyez s’il est une douleur semblable à ma douleur,
ce qu’il a provoqué contre moi, ce dont IHVH-Adonaï m’a affligée,
au jour de la brûlure de sa fureur.
13.     .  De l’altitude, il envoie un feu dans mes os, il m’assujettit.
Il déploie un filet à mes pieds, il me fait retourner en arrière,
il me donne à la désolation, tout le jour dolente.
14.     .  Il arde en sa main, le joug de mes carences;
elles se tissent et montent contre mon cou; il fait trébucher ma force.
Adonaï me donne en des mains, et je ne peux me relever.
15.     .  Adonaï rembarre tous mes meneurs en mon entraille;
il crie contre moi un rendez-vous, pour briser mes adolescents.
Adonaï foule au pressoir la vierge, la fille Iehouda.
16.     .  Sur ceux-là, moi, je pleure; mon oeil, mon oeil répand de l’eau:
oui, il éloigne de moi le consolateur, le ranimateur de mon être.
Mes fils sont désolés: oui, l’ennemi triomphe.
17.     .  Siôn déploie ses mains; pour elle, pas de consolateur.
IHVH-Adonaï contre Ia‘acob donne un ordre à ses oppresseurs autour de lui.
Ieroushalaîm, entre eux, est en menstrue.
18.     ..  IHVH-Adonaï est juste, lui; oui, je me suis rebellée contre sa bouche !
Entendez donc, tous les peuples, voyez ma douleur !
Mes vierges, mes adolescents vont en captivité.
19.     .  Je crie vers mes amants, ils m’ont dupée.
Mes desservants, mes anciens, agonisent dans la ville.
Oui, ils demandent pour eux-mêmes de la nourriture,
pour ranimer leur être.
20.     .  Vois, IHVH-Adonaï, oui, je suis dans la détresse.
Mes boyaux en effervescence, mon coeur se renverse en mon entraille.
Oui, je me suis rebellée, rebellée !
Du dehors l’épée désenfante, comme dans la maison, la mort.
21.     .  Entendez, oui, je gémis, moi ! Pour moi, pas de consolateur.
Tous mes ennemis entendent mon malheur et exultent.
Oui, toi, tu l’as fait, tu as fait venir le jour que tu avais crié.
Qu’ils soient comme moi !
22.     .  Que tous leur maléfice vienne en face de toi !
Agis avec eux comme tu as agi envers moi pour toutes mes carences.
Oui, mes gémissements sont multiples, et mon coeur est dolent.

Chapitre 2.

La mort des enfants

1.     .  Quoi, Adonaï embrume de sa fureur la fille Siôn ?
Il jette, des ciels à terre, la splendeur d’Israël.
Il ne se souvient pas de l’escabelle de ses pieds, au jour de sa narine.
2.     .  Adonaï les engloutit; il ne compatit pas à toutes les oasis de Ia‘acob.
Dans son emportement, il casse les forteresses de la fille Iehouda,
il les fait arriver à terre; il profane le royaume et ses chefs.
3.     .  Il broie à brûlure de narine toute la corne d’Israël;
il retourne sa droite en arrière, face à l’ennemi.
Il flambe en Ia‘acob comme un feu: la flamme mange autour.
4.     .  Il tend son arc comme un ennemi,
et poste sa droite comme un oppresseur.
Il tue tous les raffinements de l’oeil;
dans la tente de la fille Siôn, il répand sa fièvre comme un feu.
5.     .  Adonaï est comme un ennemi,
il engloutit Israël; il engloutit tous ses châteaux, il détruit ses forteresses.
Il combat la fille Iehouda. Ô grogne, ô rogne !
6.     .  Il violente comme un jardin son repaire; il détruit son rendez-vous.
Adonaï fait oublier en Siôn le rendez-vous et le shabat;
il exècre, dans l’irritation de sa fureur, le roi et le desservant.
7.     .  Adonaï néglige son autel, il honnit son sanctuaire;
il enferme en main de l’ennemi les remparts de ses châteaux.
Ils donnent de la voix dans la maison de IHVH-Adonaï,
comme un jour de rendez-vous.
8.    .  IHVH-Adonaï pense détruire le rempart de la fille Siôn.
Il tend le cordeau et ne retourne pas sa main avant d’engloutir;
il endeuille l’escarpe et le rempart. Ensemble ils s’étiolent.
9.     .  Ses portes chavirent à terre; il perd et brise ses verrous.
Son roi, ses chefs parmi les nations: pas de tora !
Ses inspirés aussi ne trouvent pas la contemplation de IHVH-Adonaï.
10.     .  Les anciens de la fille Siôn s’assoient par terre et font silence.
Ils élèvent la poussière sur leur tête, et ceignent des sacs.
Les vierges de Ieroushalaîm inclinent leurs têtes à terre.
11.     .  Mes yeux s’épuisent de larmes, mes boyaux sont en effervescence,
mon foie se répand à terre par la brisure de la fille de mon peuple,
à l’ensevelissement du nourrisson et du téteur, sur les places de la cité.
12.     .  À leurs mères, ils diront: « Où sont les céréales et le vin ? »
quand ils sont ensevelis comme des victimes,
dans les places de la ville,
quand leur être se répand sur le sein de leurs mères.
13.     .  Que témoignerai-je pour toi ?
À qui te comparerai-je, fille Ieroushalaîm ?
À qui t’égalerai-je pour te réconforter, vierge, fille Siôn ?
Oui, ta brisure est grande comme la mer. Qui te guérira ?
14.     .  Tes inspirés ont contemplé pour toi l’illusion, la fadeur;
ils n’ont pas découvert ton tort pour faire retourner ton retour;
ils saisissent pour toi les charges vaines, les séductions.
15.     .  Ils claquent des paumes contre toi, tous les passants de la route;
ils sifflent, ils meuvent leurs têtes sur la fille Ieroushalaîm.
Était-ce la ville dont ils disaient: Totalité de la beauté !
Alacrité de toute la terre !
16.     .  Ils baillent de leur bouche contre toi, tous tes ennemis;
ils sifflent, grincent des dents et disent:
« Nous l’avons engloutie ! Ce jour que nous espérions cependant,
nous l’avons trouvé, nous l’avons vu ! »
17.     .  IHVH-Adonaï fait ce qu’il avait prémédité; il exécute son dit
qu’il avait ordonné dès les jours d’antan.
Il casse sans compatir; l’ennemi se réjouit de toi;
il exalte la corne de tes oppresseurs.
18.     .  Leur coeur réclame vers Adonaï.
Rempart de la fille Siôn, verse comme un torrent de larmes;
nuit et jour ne te donne nul répit; que la pupille de ton oeil ne se taise pas.
19.     .  Lève-toi, jubile dans la nuit, en tête des vigiles;
répand ton coeur comme une eau en présence des faces d’Adonaï;
porte tes paumes vers lui, pour l’être de tes nourrissons,
ensevelis dans la famine, en tête de toutes les allées.
20.     .  Vois, IHVH-Adonaï, regarde envers qui tu agis ainsi !
Des femmes mangent-elles leur fruit, des nourrissons comblés ?
Dans le sanctuaire d’Adonaï le desservant et l’inspiré seront-ils tués ?
21.     .  Le jeune et l’ancien, couchés à terre dans les allées,
mes vierges, mes adolescents tombent à l’épée.
Tu tues, au jour de ta narine; égorges-tu, tu ne compatis pas.
22.     .  Tu cries comme au jour du rendez-vous, mes épouvantes alentour.
Au jour de la narine de IHVH-Adonaï, il n’est pas de fugitif ni de vestige.
Ceux que j’avais comblés et multipliés, mon ennemi les achève.

Chapitre 3.

Je crie ton nom, IHVH-Adonaï

1.     .  Moi, le brave, j’ai vu l’humiliation, au sceptre de son emportement.
2.     Il me conduit, il me fait aller dans la ténèbre, non à la lumière.
3.     Ah ! contre moi il se retourne; il renverse sa main tout le jour.
4.     .  Il use ma chair et ma peau, il brise mes os.
5.     Il bâtit contre moi et me cerne de ciguë et de lassitude.
6.     Il me fait habiter les enténèbrements comme les morts, en pérennité.
7.     .  Il m’a barricadé: je ne sors pas; il alourdit mon airain.
8.     Même quand je clame et appelle, il boucle ma prière.
9.     Il barricade mes routes de meulières, il tord mes chemins.
10.     .  Il est pour moi un ours en embuscade, un lion à l’affût.
11.     Il dévoie mes routes, me transperce et me met en désolation.
12.     Il bande son arc et me poste en cible pour la flèche.
13.     .  Il fait venir dans mes reins les fils de son carquois.
14.     Je suis la risée de tout mon peuple, leur chanson tout le jour.
15.     Il m’a rassasié d’amertumes, abreuvé d’absinthe.
16.     .  Il concasse mes dents avec du gravier, et m’enfouit dans la poussière.
17.     Tu négliges mon être sans paix;
je n’ai plus souvenance du bonheur.
18.     Je dis: « Ma sève, mon attente de IHVH-Adonaï sont perdues. »
19.     .  Souviens-toi de mon humiliation, de ma rébellion: absinthe et ciguë !
20.     Il se souvient, il se souvient, mon être, et se prosterne en moi !
21.     Je réponds ceci à mon coeur, ce que j’attends:
22.     .  Non, les chérissements de IHVH-Adonaï ne sont pas finis;
non, ses matrices ne sont pas épuisées !
23.     À neuf aux matins, ton adhérence se multiplie.
24.     Ma part, c’est IHVH-Adonaï, dit mon être. Ainsi je l’attends.
25.     .  IHVH-Adonaï est bien pour qui espère en lui, pour l’être qui le consulte.
26.     Il est bien d’attendre et de faire silence, pour le salut de IHVH-Adonaï.
27.     Il est bien pour le brave, oui, de porter le joug dès sa jeunesse.
28.     .  Qu’il siège, solitaire et silencieux, car il l’en a chargé.
29.     Qu’il donne sa bouche à la poussière, peut-être est-il un espoir ?
30.     Qu’il donne sa joue à son frappeur, il se rassasie de flétrissure.
31.     .  Car il ne néglige pas en pérennité, Adonaï;
32.     car, s’il afflige, il matricie selon la multiplicité de ses chérissements.
33.     Car il ne violente pas de son coeur, ni n’afflige les fils de l’homme,
34.     .  pour écraser sous ses pieds tous les captifs de la terre,
35.     pour faire pencher le jugement du brave en face du Suprême,
36.     entortiller l’humain en son procès, Adonaï ne le voit pas.
37.     .  Qui dit et fait sans qu’Adonaï l’ordonne ?
38.     Les maux et le bien ne sortent-ils pas de la bouche du Suprême ?
39.     Quoi, il râle, l’humain, vivant, le brave, sur ses fautes !
40.     .  Recherchons nos routes, sondons et retournons à IHVH-Adonaï.
41.     Portons nos coeurs à deux paumes vers Él dans les ciels.
42.     Nous, nous avons fait carence, nous nous sommes rebellés;
et toi, tu n’as pas pardonné.
43.     .  Tu nous recouvres en ta narine, nous persécutes et tues sans compatir.
44.     Tu nous recouvres de ta nuée, pour que la prière ne passe pas.
45.     Tu nous mets au rebut,
en rejet aux entrailles des peuples.
46.     .  Tous nos ennemis béent contre nous de leur bouche.
47.     C’est pour nous frousse et fosse, saccage, bris.
48.     Mon oeil répand des ruisseaux d’eaux
sur la brisure de la fille de mon peuple.
49.    .  Mon oeil gicle et ne se tait pas, faute de répit,
50.     jusqu’à ce que IHVH-Adonaï observe et voie des ciels.
51.     Mon oeil agit sur mon être, pour toutes les filles de ma ville.
52.     .  Ils me chassent, ils me chassent, comme un oiseau,
mes ennemis, gratuitement.
53.     Ils confinent ma vie dans une fosse,
et manient la pierre contre moi.
54.     Les eaux refluent sur ma tête; j’ai dit: « J’ai été coupé. »
55.     .  Je crie ton nom, IHVH-Adonaï, de la fosse souterraine.
56.     Tu entends ma voix: ne soustrais pas ton oreille
pour me soulager, à mon appel.
57.     Tu te présentes au jour où je crie vers toi, et tu dis: « Ne frémis pas ! »
58.     .  Tu combats, Adonaï, dans les combats de mon être; tu rachètes ma vie.
59.     Tu vois, IHVH-Adonaï, ma contorsion; juge à mon jugement.
60.     Tu vois toute leur vengeance, toutes leurs pensées contre moi.
61.     .  Tu entends leur flétrissure, IHVH-Adonaï,
toutes leurs pensées contre moi,
62.     les lèvres de mes assaillants, leur murmure contre moi tout le jour.
63.     Regarde-les: assis ou debout, moi, je suis leur chanson.
64.    .  Retourne-leur la rétribution, IHVH-Adonaï, selon l’oeuvre de leurs mains.
65.     Donne-leur une obstruction du coeur, ton imprécation contre eux.
66.     Persécute-les avec fureur,
extermine-les sous les ciels de IHVH-Adonaï.

Chapitre 4.

Notre fin est venue

1.     .  Quoi, l’or ternit-il ? Change-t-il, le bon vermeil ?
Sont-elles répandues, les pierres sacrées,
en tête de toutes les allées ?
2.     .  Chers Benéi Siôn soupesés à l’or pur,
quoi, sont-ils comptés pour cruches de grès,
ouvrage des mains du potier ?
3.     .  Même les chacals s’extirpent la mamelle et font téter leurs petits;
la fille de mon peuple est cruelle comme une autruche du désert.
4.     .  La langue du nourrisson colle de soif à son palais;
les nourrissons demandent du pain, mais nul ne leur en tend.
5.     .  Les mangeurs de délices se désolent dans les allées;
élevés sur la cochenille, ils étreignent des ordures.
6.     .  Le tort de la fille de mon peuple est plus grand que la faute de Sedôm,
bouleversés en un instant, sans que des mains se portent contre elle.
7.     .  Ses nazirs étaient plus purs que neige, plus limpides que lait,
plus écarlates d’essence que coraux, leur stature de saphir.
8.     .  Leur aspect est plus ténébreux que la suie,
méconnaissable dans les allées.
Leur peau ratatinée sur leurs os, est sèche comme du bois.
9.     .  Les victimes de l’épée sont mieux que les victimes de la famine;
elles succombent, poignardées, et privées de la fruition des champs.
10.     .  Les mains de femmes matricielles font cuire leurs enfants;
ils sont pour elles du ravitaillement
dans la brisure de la fille de mon peuple.
11.     .  IHVH-Adonaï achève sa fièvre et répand la brûlure de sa narine;
il attise le feu contre Siôn, il mange ses fondations.
12.     .  Ils n’adhéraient pas, les rois de la terre, tous les habitants du monde,
à ce que l’oppresseur, l’ennemi, viendrait aux portes de Ieroushalaîm,
13.     .  par la faute de ses inspirés, les torts de ses desservants,
qui répandaient en son entraille le sang des justes.
14.     .  Ils se meuvent, aveugles, dans les allées infectes de sang,
sans qu’ils puissent toucher leurs vêtements.
15.     .  « Écartez-vous, contaminés, leur criaient-ils, écartez-vous,
écartez-vous, n’y touchez pas ! »
Oui, ils se querellent, ils se meuvent aussi.
Ils disent parmi les nations: « Ils ne continueront pas à y résider. »
16.     .  Les faces de IHVH-Adonaï les répartit; il ne continue pas à les regarder.
Ils ne portent pas les faces des desservants,
ils ne gracient pas les anciens.
17.     .  Nos yeux se consument encore vers notre aide. Fumée !
À notre aguet, nous guettons une nation qui ne sauve pas.
18.     .  Ils poursuivent nos pas pour que nous n’allions pas en nos places.
Notre fin approche, nos jours sont accomplis.
Oui, notre fin est venue.
19.     .  Nos persécuteurs sont plus légers que les vautours des ciels.
Sur les montagnes, ils nous traquent;
au désert, ils s’embusquent contre nous.
20.     .  Souffle de nos narines, le messie de IHVH-Adonaï est pris dans leurs fosses,
lui dont nous disions: « À son ombre, nous vivrons parmi les nations. »
21.     .  Exulte, réjouis-toi, fille Edôm, habitante de la terre de ‘Ous !
Mais la coupe passera pour toi aussi; tu t’enivreras, tu seras nue !
22.    .  Ton tort s’achève, fille Siôn; il ne continuera pas à t’exiler.
Il sanctionne ton tort, fille Edôm; il découvre tes fautes.

Chapitre 5.

Tu nous as rejetés

1.     Souviens-toi, IHVH-Adonaï, de ce qui est pour nous;
regarde et vois notre flétrissure !
2.     Notre possession est versée à des étrangers,
nos maisons à des barbares.
3.     Nous sommes des orphelins sans père; nos mères, comme veuves.
4.     Nous buvons des eaux contre argent,
nos bois nous viennent contre un prix.
5.     Nous sommes persécutés sur notre cou, las, sans repos pour nous.
6.     Nous donnons la main à Misraîm,
à Ashour, pour nous rassasier de pain.
7.     Nos pères ont fauté; ils ne sont plus, mais nous portons leurs torts.
8.     Des esclaves nous gouvernent;
personne ne nous secourt contre leurs mains.
9.     Au péril de notre être, nous faisons venir notre pain
face à l’épée du désert.
10.     Notre peau embrase comme un four, face aux ardeurs de la famine.
11.     Ils violentent les femmes de Siôn, les vierges dans les villes de Iehouda.
12.     Des chefs ont été pendus par leurs mains;
les faces des anciens ne sont plus magnifiées.
13.     Des adolescents portent la meule; des jeunes sous le bois trébuchent.
14.     Des anciens chôment à la Porte; des adolescents, avec leurs musiques.
15.     L’alacrité de notre coeur chôme; notre ronde se mue en deuil.
16.     Le nimbe est tombé de notre tête. Oïe, donc, nous,
oui, nous avons fauté.
17.     Pour cela, notre coeur est dolent; pour cela nos yeux s’enténèbrent.
18.     Sur le mont Siôn désolé, des renards vont.
19.     Toi, IHVH-Adonaï, tu habites en pérennité, ton trône d’âge en âge.
20.     Pourquoi nous oublies-tu avec persistance,
nous abandonnes-tu à longueur de jours ?
21.     IHVH-Adonaï, fais-nous retourner vers toi et nous retournerons;
rénove nos jours comme jadis.
22.     Oui, tu nous as rejetés, rejetés; tu as beaucoup trop écumé contre nous.